La face cachée des applications de Trading gratuites

Dans la foulée du pionnier Robinhood, nombre de courtiers en ligne sont sortis du bois pour proposer à leur tour une offre de Trading « gratuite ». 

Crédibilisé par l’arrivée d’acteurs aussi prestigieux que Vanguard et ses 6 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion, le phénomène du Trading gratuit a ainsi su séduire un nombre croissant d’investisseurs au cours des dernières années. 

Mais comment ces applications de Trading sans frais se rémunèrent-elles et leurs intérêts sont-ils pleinement alignés avec ceux de leurs clients ? Explications.

Avertissement

Le Trading ne convient qu’à une clientèle avisée capable de comprendre le fonctionnement de produits financiers complexes (Futures, Options, CFD…) et de supporter des risques élevés, dont des pertes supérieures aux dépôts.

Si c’est gratuit, c’est toi le produit

Les courtiers en ligne ne sont pas des philanthropes. Comme toute entreprise, ceux-ci doivent pouvoir compter sur une ou plusieurs source(s) de revenus pour financer leurs activités. Et si ces revenus ne proviennent pas directement de leur clientèle, alors celle-ci est de toute évidence monétisée d’une autre manière, plus indirecte, plus insidieuse.

Scrutées de près par les régulateurs, les applications concernées ne revendiquent d’ailleurs pas ouvertement la gratuité de leurs services (ce qui impliquerait l’absence de coûts pour les investisseurs), mais plus modestement, des offres de Trading « zéro commission ».

Voici les sources de revenus alternatives exploitées par les courtiers sans commission : 

  • Intérêts. L’argent dormant sur les comptes de Trading des utilisateurs est placé par le courtier afin de générer des intérêts. Lorsque les taux d’intérêt avoisinent les 5%, la manne financière peut alors être conséquente !
  • Prêt de marge. Lors des investissements réalisés avec effet de levier par l’investisseur, des intérêts sont prélevés par le courtier en contrepartie de l’argent prêté pour financer la position de l’investisseur.
  • Frais additionnels. Des options payantes sont proposées à l’investisseur pour bénéficier de certains services (par exemple un abonnement mensuel pour voir l’argent dormant de son compte de Trading dûment rémunéré).
  • Refinancement hypothécaire. Le courtier utilise ici les actifs de ses clients comme garantie pour financer ses propres opérations d’emprunt ou d’investissement ; une pratique pouvant avoir de graves conséquences pour la stabilité financière du courtier lors des périodes de crise.
  • Paiement pour flux d’ordres. En redirigeant les ordres de bourse de ses clients vers un teneur de marché (market maker), le courtier perçoit une rémunération sous la forme de rétrocommission ; une façon détournée d’appliquer des frais de courtage dissimulés à ses clients.

Qu’il s’agisse d’accepter un manque à gagner (pour qui renoncerait aux intérêts d’un compte de Trading rémunéré), de tolérer des frais cachés bien réels (pour qui souhaiterait bénéficier de services habituellement non facturés) ou d’être victime d’un conflit d’intérêts latent (pour qui verrait ses ordres de bourse faire l’objet de rétrocommissions versées dans son dos), tout n’est donc pas tout rose dans le monde du « Trading gratuit ».

Bien que les régulateurs fassent aujourd’hui de leur mieux pour que les investisseurs soient correctement informés des potentiels conflits d’intérêts inhérents à ces offres de courtage, la complexité des mécanismes dénoncés peine à contrebalancer le redoutable Marketing de la gratuité…

La revanche des plateformes de Trading payantes

L’illusoire gratuité des courtiers « zéro commission » est-elle un problème pour leurs clients ? Non, si ces derniers sont pleinement conscients des coûts acceptés, alors les voilà libres d’effectuer un choix éclairé. Seulement voilà, en pratique, rares sont les clients de ces courtiers ayant pleinement conscience du sacrifice consenti. 

Pour n’approfondir qu’un exemple, outre l’agacement de voir son courtier s’engraisser sur son dos, l’utilisateur d’une offre de courtage « zéro commission » devrait avoir conscience que le paiement pour flux d’ordres, ou PFOF pour les intimes (Payment For Order Flow), dégrade également la qualité de l’exécution des ordres. Ses prix d’achat sont donc légèrement surévalués et ses prix de vente légèrement sous-évalués…

Sur une opération unique, le manque à gagner peut sembler anodin, mais pour un Trader actif, au terme d’une année de Trading, la note peut s’avérer particulièrement salée !

Soucieux de professionnaliser leur pratique du Trading, nombre d’investisseurs particuliers de prime abord séduits par les applications de Trading « gratuites » se tournent aujourd’hui vers des courtiers payants de qualité, plus chers, mais plus transparents et plus alignés avec leurs intérêts. 

Les applications de Trading gratuites peuvent avoir leur intérêt, notamment en raison de leur caractère souvent hautement ludique adapté au passage des tous premiers trades. Mais leur gratuité peut coûter cher… Vous voilà prévenus !

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Maxime Parra

Maxime est titulaire d'un double diplôme de la SKEMA Business School et de la FFBC : un master en management et en analyse financière internationale. Fondateur et rédacteur en chef de NewTrading.fr, il écrit quotidiennement sur le Trading.